La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 26 juin 2010








To the sea...





Préparer une performance land art pour la TV coupe le rythme de mon travail mais reste acceptable de temps en temps. Je vais donc me retrouver une fois de plus devant une équipe de télévision française qui réalise un documentaire regroupant des artistes du littoral. Vaste programme. J'ai donc repris le chemin des plages et je travaille mes tracés de spirales sur différents sables, plus ou moins compacts, essayant de repérer des endroits propice à cet exercice demandé. Quitte à faire déranger une équipe technique venant de loin, je me dois de réussir et je m'entraine un peu comme un sportif. Tracer une spirale de 45 mètres de circonférence demande des bonnes jambes. En ce moment, avec la chaleur, les sables découverts par la marée, s'essuient très vite et sont compacts. Hier j'étais dans l'estuaire de la Dive, rivière qui sépare deux petites villes Normandes, de la côte de Nacre, Dive sur Mer et Houlgate. J'avais choisi cet endroit pour son cadre et parce que j'aime bien les estuaires. Lieu d'échange entre les eaux douces et salées, mouvement des eaux, présence d'un grand nombre d'oiseaux de mer, horizon dégagé avec vue sur Le Havre, cet estuaire assez modeste, reste un endroit intéressant pour pratiquer le land art, car un peu à l'écart des foules. J'avais déjà tracé des spirales sur la rive gauche, il y a quelques années, jamais sur la rive droite. Je me suis un peu planté quant à la souplesse du sable. A mi-parcours du tracé, je suis tombé sur une couche sableuse, très compacte qui m'a donné énormément de mal, pour la suite. Mais quelque soit les difficultés rencontrées, je trace toujours mes spirales jusqu'au bout. Vous en voyez le résultat sur les deux premières photos.
Cet après-midi, changement de lieu et, retour à Ouistreham. Il fait très chaud et le soleil a ramené un peu de monde sur cette immense plage qui peut accueilli plus de 20.000 personnes en plein été. J'ai choisi l'extrémité Est de la plage, celle qui est interdite aux baignades, et qui n'intéresse que les pêcheurs. Jusqu'au 1er juillet, je suis assez tranquille, après, il faudra venir de très bonne heure le matin ou très tard le soir, pour éviter la foule des touristes. La mer descend et je dispose d'un espace assez vaste, sorte de glacis en pente douce, bordé sur le flanc Est, par un très long épi rocheux qui borde le canal d'accès au port. Aujourd'hui, je verrai passer quelques vieux gréements dont les propriétaires sont des amoureux de " la marine en bois" ce qui me réjouit toujours, car j'aime beaucoup ces bateaux.
Encore une fois, le tracé de la spirale va être très dur à réaliser, pour les mêmes raisons, un sable qui s'essuie trop vite , une eau qui s'évapore sous un soleil très chaud et une couche sableuse compacte, difficile à travailler. Sans maîtriser la technique, impossible d'arriver à un bon résultat. Je diminue la vitesse du tracé. A chaque pas, je souffre des jambes et il me faut faire de nombreuses haltes pour arriver aux 24 tours, ce qui est mon objectif. Une fois terminée, elle a fière allure et je suis content, pour une fois, de ne pas avoir apporté mon appareil photo. L'acte est entièrement gratuit. Cette spirale sera , comme tant d'autres, offerte à la mer, qui la prendra à marée montante. Elle restera anonyme et sans autre trace que dans ma mémoire.
D' ici mercredi, je referai cette même installation sur une autre plage et je serai prêt., physiquement. Je reprendrai ensuite ma pratique du land art, répétant de simples gestes, recherchant l'épure, le brut, oubliant ce que je sais, alternant, les matériaux, les végétaux, les couleurs, les formes, les endroits, bientôt, les régions, sans jamais ressentir d'ennui dans cette vie si proche de la nature, sur laquelle je m'interroge,mais que j'accepte comme étant le chemin sur lequel je dois avancer, sans calcul, sans regrets, parce qu'il semble être mon destin. Cette intime conviction qu'une fraction de seconde, m'enlèverait à tout jamais, si je savais la suite de l'histoire, avant le grand saut dans le vide. Éphémère, je suis né, éphémère, je partirai lorsque viendra mon tour.



Roger Dautais










On dirait un silence à l'aine du feuillage
la brise interrompue
presque à hauteur des oiseaux

On dirait chez l'enfance une trêve de jeu
pour une feuille à lire
et sa nervure sous les doigts

Car lui l'enfant patienterait un demi-
siècle
à guetter quelque chose de brutal et
d'infime
une petite fêlure comme un cri
l'instant où l'arbre meurt

Et se dirait soudain Il n'y a
que la foudre pour.


Bruno Berchoud

L'ombre portée du marcheur

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Qui êtes-vous ?

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.