La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 10 juillet 2010









à Fanny...





Qui pourrait imaginer une vie pareille ? Une vie de voyage, de marche de déplacements, une vie qui serait à la recherche de l'impossible. Je ne savais pas trop à qui m'adresser pour ce genre de travail, alors, comme je disposais d'une vie et d'un certain temps, je me suis mis à l'inventer, à l'imaginer et l'inscrire dans une pratique quasi journalière du land art. Je ne savais pas où cela m'amènerai ni combien de temps je durerai sur ce chemin. Je peux dire maintenant que j'ai commencé au siècle dernier et que la première décennie du suivant, s'achèvera dans quelques mois. Je n'ai toujours pas de programme autre que de pousser au plus loin cette expérience de vie où j'ai rencontré plus d'arbres, de végétaux, de plantes et de pierres que de personnes, car ce choix est celui d'une vie rude, assez solitaire et pourtant passionnante. L'âge venant, j'ai du accepter de vieillir et de comprendre pourquoi, je n'étais plus capable de faire ce que j'entreprenais il y a dix ans, seulement. Je trouve d'ailleurs cette observation pleine d'enseignements car c'est à moi de m'adapter et non à la Nature et cela me force à lutter pour conserver une autonomie suffisamment réelle pour entreprendre d'autres expériences. Bien sûr, il y a eu les périodes de doute, les blessures, les arrêts, mais je me suis toujours remis debout, par chance et j'ai repris le chemin de ma vie telle que je la rêvais, à nouveau. Ce matin, je me suis replongé dans mes photos et choisi de quoi vous présenter une nouvelle page. Le point commun de toutes ces installations est d'avoir été conçues en Septembre. Cela commence par une spirale réalisée pour l'anniversaire de notre fille, Fanny, pour tout ce qu'elle est et pour la place qu'elle garde dans notre cœur. Cette spirale marine mesurait environ 45 mètres de circonférence.
La deuxième installation représente un "masque de présence" dont le but est d'habiter un lieu et de le garder, ici, un bois. Sur la troisième photo, ce personnage flottant entre deux eaux a été réalisé sur les anciens docks de Caen, avec une ampelopsis vichii . Quelle émotion de voir apparaître , puis bouger et s'animer dans le léger courant de l'eau ce personnage que j'avais eu beaucoup de mal à réaliser. Dans ces moments,je laisse mon imaginaire m'emporter et je me contente d'observer la part d'inattendu, l'éphémère dans d'un revenant qui joue avec la lumière, de l'autre côté du miroir.
La suivante est une " boîte à mémoire ", une des nombreuses fabriquées dans différents lieux et qui consistait, dans un rayon assez restreint( quelques mètres) autour d'un endroit chois pour la réaliser, à prélever un échantillon de toutes les couleurs présentes. Ensuite, je les assemblais. Je me souviens, pour celle -ci réalisée, non loin d'un gabion, qu'il faisait une chaleur étouffante. Je l'avais installée dans un chemin tracé par les roues d'un tracteur, dans une friche dont les herbes atteignaient 1,50 mètre. J'étais en immersion totale dans cette nature à qui je dédiais ce travail. Très beau souvenir.
Les deux autres que j'appelle des "tapis de prière" ont été réalisés dans un autre endroit assez désert des docks du port de Caen, sur un socle de béton. J'étais à l'époque, blessé et ne pouvais plus travailler à genoux. Ce socle m'avait servi de table. Tous les végétaux avaient été cueillis sur place.
Et pour les deux dernières, qui sont aussi assez simples, je les ai réalisées dans un petit marais. Ce genre de travail me permet d'en faire plusieurs et je privilégie, le geste de poser, la simplicité, la spontanéité, et la rapidité d'exécution qui doivent traduire l'apparition d'une idée, née du lieu, des végétaux, de la lumière, de ma sensibilité du moment, sans calcul. C'est, dans ce cas, comme si souvent, la poésie du lieu qui prévaut.
Cette semaine, je n'ai réussi à m'échapper qu'une demi-journée de mon travail de dérushage pour mon documentaire sur la maladie d'Alzheimer. J'en ai profité pour réaliser un cairn sur le fleuve et j'avoue que cette semaine sans land art m'a parue longue. Je vous remercie de votre patience et de votre fidélité au CHEMIN DES GRANDS JARDINS, sur lequel j'avais l'habitude de présenter des pages quotidiennes, ce qui m'est devenu impossible en ce moment. Je suis très sensible à vos commentaires et j'avoue y apprendre beaucoup de choses.
Bel été à tous.




Roger Dautais









De fil en aiguille


La prochaine fois
Je mettrai la nuit à mes côtés
J'appelle mes rêves
Avant qu'ils ne se multiplient
Je leur apprendrai s'asseoir devant moi
Quand ils se plaisent devant moi
Je leur dis:
" rêves! Soyez plus longs cette nuit"

La prochaine fois
Je conduirai le jour dans ma chambre
Je lui apprendrai à comparaître devant moi
Quand il se plait avec moi
Je leur dis:
" Jour !Aide moi "



Adnan Mohsen ( né à Bagdad en 1955)

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.