La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 3 août 2013

Breizh :  à Jefferson.B.Cezimbra

Les guetteurs du  Men du :  à Marie-Claude

Les neuf sœurs d'Aminata :  à Loredana Donovan




Petit cairn en chemin : Pour Isabella Kramer

Identité : Pour Laure

Sur la route accidentée:  à Bob Bushell


Remember : Pour Leeloo

Le grain :  Pour Epamin'

Après  l'orage: Pour Arlette


L'été en solitude : Pour Inês

On the road : to Erika

Les routes improbables :  Pour Danielle

Franchissement : To Teca



et merci d'exister...

Nous venons de parler  longuement au téléphone de peinture, d'expos possibles, de photo, bien sûr et voici que Michel me quitte sur ces paroles: " et merci d'exister".
Cette  phrase me laisse sans voix. Je raccroche. C'est tellement rare, tellement  à  l'opposé de ceux qui, sur ma route attaquent  mon travail, foulent au pied  mes étoiles de David, me demandent d'en débarrasser  mon blog ou mes expos, de les dépolluer, de faire disparaître mes gisants de feu,  ou dernièrement , de ne  plus écrire et ne plus mettre de légende sous mes photos. J'aurai  même vécu une des  peurs de ma vie, le jour  où, sculptant des falaises en Normandie, un couple de furieux m'attaqua avec ses deux  molosses, sous prétexte de  me faire cesser ce travail et de chasser l’intrus que j'étais  à leurs yeux, de cette plage. Ce que je fis. Comment oublier les insultes antisémites reçues le jour  où, sur la grande plage d'Omaha Beach, en compagnies de la communauté Juive de Basse Normandie, alors que j'évoquais les victimes de la Shoah,avec  mon groupe de Land Art.
Pendant ces nombreuses années de pratique du land art, j'avais croisé, bien évidemment beaucoup de monde et parfois été témoin de ces relents de haine qui allèrent jusqu'à m’arrêter dans ma pratique, le temps de " digérer l'insulte".
 Heureusement, je ne compte plus les belles rencontres, la chaleur humaine, les échanges sincères, que ce soit en France  où à l'étranger qui  me  permettent encore aujourd'hui de poursuivre mon chemin même si cela est difficile.
Mais entendre : "Merci d'exister". Personne ne m'avait encore dit ça !
Lorsque la vie cogne trop dur et bouleverse l'existence, lorsque l'on croise la mort, ce sentiment d'exister est si  mince que parfois,  il disparaît.
Je m'accroche  à cette  petite phrase alors que je descend vers la ria d'Auray, me disant, je trouverai  bien quelques fleurs en chemin comme base d'installation. Mais le temps ne s'y prête pas. Une belle brise venant de la mer s'est installée ici ce matin et elle aurait rapidement tout balayé dans un souffle.
Une pluie fine, fraîche, Bretonne  à souhait, s'empare du paysage. Elle en change la lumière. Je tends mon visage pour mieux la sentir et je file vers le sud, en suivant le chemin des ostréiculteurs. La rivière st grise, frisée par les risées successives et le paysage s'inspire de cette ambiance, sous un ciel plombé.
Je suis bien
Quelques voiliers remontent la rivière au moteur en direction de Saint Goustan. Les voix des marins portent loin sur l'eau et je les entend discuter entre eux.
Je soulève mes premières pierres vers 10 heures, après une bonne marche d'échauffement. Je termine vers 12 heures.
Elever des cairns demande du temps et de l'attention.Il faut aimer les pierres ou les laisser vivre leur vie. Mais lorsque le courant passe, chaque prise, chaque déplacement, chaque mise en place, chaque élévation est une aventure où  l'équilibre se partage. Que j'aime ces instants où le bonheur est fait de peu et le monde se résume à l'action d'une vie sur un paysage. C'est sans doute une  illusion mais j'aime avoir gardé des illusions  à la porte de la vieillesse.
J'ai continué mon chemin, observant la partie de  pêche d'une aigrette dont je partage le territoire. Échanges de regards, elle termine son ouvrage, sans peur  puis s'envole.
Plius  loin, je raconte une autre histoire avec d'autre pierres, d'autres souvenirs. Les  neuf filles d'Aminata, la Nigérienne. Aminata, femme touareg dont j'avais connu le fils en  mission dans une préfecture de Normandie.
Je l'imagine arrivée  là, sur cette roche de la Ria d'Auray  pour chanter l'histoire de sa famille  nombreuse et danser  l' Africaine.
Deux Joggeuses passent et s'arrêtent près de moi
- C'est vous qui avez  fait ça ?
- Oui
- C'est beau.
- Merci

Merci d'exister, en quelque sorte. Il faut que je continue cette aventure. Cet après-midi, ce sera La Trinité -sur  mer, ou Carnac,  ou bien ailleurs !

Roger Dautais


Ma vie,
Je peux vous dire en deux mots:
Une cour.
Et un morceau de ciel
où passent parfois
un nuage
et un oiseau qui fuient leurs ailes.

Autobiographie

Mon péché est terrible : 
j’ai voulu remplir d’étoiles 
le cœur de l’homme. 
Et pour cela, derrière les barreaux, 
en vingt-deux hivers 
j’ai perdu mes printemps. 
Prisonnier depuis l’enfance 
et condamné à la mort, 
la lumière de mes yeux 
dessèche sur les pierres. 
Mais pas l’ombre d’un archange 
vengeur dans mes veines : 
L’Espagne n’est que le cri 
de ma douleur qui rêve.

Marcos Ana

J'ai vécu la vie que j'aurais aimé vivre, celle dure mais noble d'un révolutionnaire. Et malgré les naufrages et les déceptions que la lutte et la vie nous réservent parfois, si je devais renaître mille fois, je recommencerais à penser et à être ce que je suis. » 
Marcos Ana

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.